Revue du web : avis et critiques de la presse et de la blogosphère littéraire

Pour son premier livre, Henry Wise s’inscrit avec efficacité dans la mouvance de ces romans noirs étatsuniens, tout imprégnés de la moiteur tropicale et raciste du Southside. Ou quand le rêve américain tourne au cauchemar.

Après Les Enfants endormis, qui retraçait la trajectoire d’un oncle et les années SIDA, l’auteur s’attarde ici sur sa jeunesse marquée par une figure du père ambivalente et l’émergence des premières consoles.

Dans des temps immémoriaux, initié par une vieille guérisseuse, le narrateur va apprendre à contempler et “à caresser” le monde. Une fable naturaliste envoûtante sur l’harmonie entre l’homme et son environnement.

J’ai aimé retrouver le personnage de Kraken que j’ai appris à découvrir dans ses enquêtes précédentes.

Dans un style puissant et lyrique, avec une grande place accordée à l’ésotérisme, Jesmin Ward parvient à faire ressentir la violence de l’esclavage et l’extraordinaire force des femmes.

Avec ce récit, V. V. Ganeshananthan nous envoie directement dans l’enfer que nous portons tous en nous, puisque dans l’histoire du Sri Lanka on retrouve toutes nos histoires : notre incapacité de ne pas sombrer dans la violence, jusqu’à la violence contre nous, quand rien ne semble plus possible.

Un premier roman, très agréable à lire, qui parle avec respect et justesse des banlieues.

Leila Guerriero retrace dans un récit minutieux le parcours de Silvia Labayru, maintenue recluse et torturée à 19 ans par la dictature argentine.

Julien Fyot aborde ce sujet sous un angle original : le récit commence comme un roman classique, puis une veine sociale se dégage avant qu’un virage résolument policier ne soit pris. Bien qu’inattendu, ce roman est plutôt convaincant...

Remonter le temps, rendre vie à ses aïeules, aux objets… Et par la magie de l’écriture, comprendre le suicide de son père. Une bouleversante quête de vérité.

Je referme le bouquin sans trop savoir quoi en penser, balançant entre les points positifs et très sérieux voire graves, et les points négatifs plus futiles, relevant du narratif.

Cette fresque familiale, intimiste et dangereusement ténébreuse, est traversée par des éclairs d’une humanité salvatrice. Indispensable.

J’ai particulièrement apprécié l’atmosphère qui s’en dégage, cette nature sauvage et mystérieuse où viennent s’égarer les âmes écrasées par le désespoir.

Pour faire un bon roman il faut de beaux personnages et Maya en est un, superbe d’équilibre malgré ses vacillements.

Gilles Marchand a de l’imagination et du talent à revendre.

Ce roman, il se dévore sans qu’on prenne le temps de juger, de réfléchir car tout va très vite. Au point d’avoir parfois eu un sentiment un peu brouillon.

En bref, Aatea est un magnifique voyage qui nous submerge de ses vagues d’émotions et nous transporte dans la prose superbe de son autrice.

Dans son deuxième roman, une jeune fille s’interroge : comment vivre dans un monde où tout semble déjà mort ? L’écrivaine s’engage dans le puits de nos angoisses avec la puissance d’une tornade.

D‘Emmanuel Carrère, je suis loin d’être un inconditionnel. Pour n’évoquer que les plus récents, si Le Royaume m’a exaspéré par sa vulgarité, Yoga m’a impressionné par sa violence psychique. Cette fois, avec Kolkhoze (560 pages, 24 pages, Pol), je suis, non sans réserves, conquis et convaincu que ce livre (non pas un roman mais « un Carrère ») sera des rares à dominer la rentrée à juste titre.

Une femme parle, puis laisse la parole à son aïeule. Pour dire l’esclavage, le viol, la haine… et la résistance qu’on transmet malgré tout face à l’adversité.

La lente dérive d’un jeune homme dont la vie va bientôt basculer dans la folie pure. Un roman maîtrisé à l’élégance toute classique, qui embrasse soixante ans d’histoire américaine.