Revue du web : avis et critiques de la presse et de la blogosphère littéraire

Ce roman d’une famille, de ses silences et de ses hontes, sur quatre générations, œuvre d’un écrivain au sommet de son art, a impressionné le jury. Le prix a été décerné, mercredi 3 septembre au soir, au campus des Cordeliers, à Paris.

Ce roman basé sur un métier, celui de chauffeur de taxi, me rappelle un autre roman basé sur un autre métier, celui d’ambulancier : 911 de Shannon Burke. Tous les deux ont cette authenticité due au fait que leurs auteurs ont réellement pratiqué la profession qu’ils décrivent.

Un récit très fort, très personnel, un bel hommage à celle qui a forgé une partie de son caractère, magnifique témoignage d’amour.

Harry Crews fut durant sa carrière un reporter pour des magazines tels que Esquire ou Playboy par exemple, dans lesquels il parlait des gens qu’il rencontrait. Ce recueil de 16 articles réalisé par l’auteur lui-même est paru en 1979 aux Etats-Unis et traduit en France en 2019 et ajoute au talent de narration la faculté de parler des gens et de se placer à leurs cotés.

Quatre jours sans ma mère est un premier roman intime et universel, sensible et émouvant dans lequel la tendresse affleure sous la pudeur. C’est aussi une déclaration d’amour à la mère dont le départ soudain aura été la possibilité d’un retour à soi pour les siens.

Carcoma est un roman de fantômes qui fait dans le social et dans la matrimonial, hanté par un passé qui refuse de mourir.

Au-delà de la beauté de ses descriptions qui tiennent du sacré, aussi verbeuses que poétiques et magnifiquement traduites par Paul Matthieu, Paul Harding donne une profondeur inattendue à ses personnages, rend leur humanité à ces hommes et à ces femmes considérés comme indésirables, même sur une terre où ils étaient seuls, vivants pour un temps à l’abri des persécutions du continent malgré leur indigence.

La bonne mère est un premier roman attachant, drôle et douloureux, rageur et tendre. Un texte ancré dans le réel, porté par une langue audacieuse et vivante. Des personnages féminins inoubliables.

L’écriture est belle, les sentiments et les émotions présents tout au long pour nous faire aimer ces personnages que l’on a parfois envie de connaître ou dont on se dit qu’ils pourraient être nos proches, tant leurs incertitudes et leurs questionnements nous semblent réalistes et contemporains.

Dans son derneir roman, Fabrice Caro évoque l’année de Terminale de Daniel, qui doit aujourd’hui avoir la cinquantaine. Et à la fin du livre, on est tous Daniel ! Probablement le livre le plus touchant et le plus doux-amer du trublion du monde littéraire français actuel.

Il faut plus d’une centaine de pages pour que le roman trouve véritablement son rythme. Passé ce cap, il adopte la forme d’un thriller politique sous tension, inscrit dans un cadre dystopique

Dans ce nouveau livre à la narration très originale, Camille de Toledo mêle quête intime, souvenirs de jeunesse et réflexion sur l’évolution de nos sociétés entre deux dates charnières, la chute du mur de Berlin et celle des Tours jumelles à New York.

Ce roman culte de Mario Rigoni Stern est un témoignage ancré des combats armes entre l’Italie et la Russie au cours de la seconde guerre mondiale.

En chaque chose, l’auteur-narrateur québécois voit la beauté, la joie. Et les partage dans un récit ample et généreux.

L’émerveillement est le parti pris de l’auteur, jusqu’au bout du chemin, c’est une préhistoire sans aurochs féroces ( ou presque …), sans prédateurs pour les voyageurs, sans méchancetés humaines et sans querelles, dans une absence totale de réalisme.

Nathacha Appanah raconte trois histoires d’emprise, dont la sienne, dans La nuit au coeur. Cela donne un texte poignant et plein de sincérité, qui part aussi de son vécu et dans lequel chaque mot est choisi avec précaution.

J’ai retrouvé dans ce beau roman la solennité pleine d’espoir du Quatrième mur, et comme avec le roman de Sorj Chalandon, j’ai vécu la conclusion comme un drame intime.

L’auteur nous plonge ainsi dans le Paris du début du 20è siècle avec sa vie de quartiers grouillante, un président de la République qui cherche à faire passer une loi sur l’abolition de la peine de mort et les journalistes qui ne reculent devant rien pour avoir le scoop.

J’ai été touchée par ce récit intime qui reste assez pudique, sans pathos intempestif et sans tentative d’enjolivement de la réalité non plus.

Parsemé de zeugmas et de trouvailles stylistiques, le livre est surtout servi par un humour noir employé à bon escient.

On ne va pas faire bien long sur ce roman loin d’être déplaisant, mais dont rien réellement ne nous mobilise, interpelle. Tout y est superficiellement critique, gentil, un peu vieilli déjà, conscient aussi de récriminations usuelles dont l’auteur a, bien sûr, le bon goût de se moquer.