Sous un ciel wallon pesant comme un couvercle familial mais ne pouvant en aucun cas servir d’excuse, une exceptionnelle histoire de la violence intime, cruelle et salutaire.
Histoire au sujet très malaisant, “Baisse ton sourire” au titre assassin et au traitement juste, pudique, du malheur d’un couple vaut vraiment le détour.
Comme l’histoire d’un "black-out" émotionnel, Baisse ton sourire est un livre sur la laideur qui emporte tout, qui s’incarne dans une violence endémique, seule réponse au quotidien morose.
Cela donne un roman de formation dans lequel deux enfants se forgent, à travers leurs rêves et leurs craintes, une éducation en parallèle de celle inculquée par leurs parents, nourrie quant à elle de principes et de religiosité.
Tout cela est coulé dans une écriture plutôt inédite en littérature belge, au ton moderne, direct, caustique, scatologique, cruel et qui sait, sans pincettes, mettre le doigt là où ça fait mal.
Une prouesse langagière qu’il faut absolument saluer et goûter, encore et encore, tant cette écriture lui permet de nous offrir une rare sensation d’euphorie rageuse, de rire intérieur délirant que l’on peine à contenir, et d’intelligence enjouée de la situation.