Le clavier cannibale
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La chambre à brouillard / Eric Chevillard
Tenir 200 pages sur un sujet réduit à sa portion aussi congrue qu’in congrue n’est pas une mince affaire. Chevillard y parvient au prix d’une violence qui rappelle parfois les pages les plus cruelles d’un Régis Jauffret.

Au bord du désert d’Atacama / Laure des Accords
Baigné de contes des Mapuches, ce texte dessine le portrait d’une femme en manque de mots, bridant ses désirs, face à des hommes du côté de la parole, du contrôle et de la répression."

Cantique de la critique / Arnaud Viviant
Cantique de la critique est un ouvrage résolument sérieux et engagé qui n’hésite pas à sonder plutôt qu’à dessouder.

Si maintenant j’oublie mon île : vies et mort de Mike Brant / Serge Airoldi
Sous la plume d’Airoldi, Mike Brant n’est jamais un prétexte – disons qu’il est même tout l’inverse, un après-texte, et c’est le récit – humain, politique, tragique – qui le précède dont l’auteur s’empare, comme pour mieux faire barrage à un secret « désemparement.

Jusqu’à très loin / Romain Fustier
En cent trente-six textes de dix lignes chacun, comme autant ce cartes postales revisitées, il écrit très simplement une sorte de voyage sentimental, d’invitation au voyage, où le paysage, les objets, les couleurs, les sons, tout est susceptible de raviver ce qui fut...

Icebergs / Tanguy Viel
Ce passage de l’eau au feu, de la divagation à la consumation, en dit long, je crois, sur ce qui, chez Viel, a rendu nécessaire et possible son essai.

Vers la baie / Cynan Jones
Vers la baie, quatrième livre traduit de Cynan Jones, est l’exemple typique du roman qui force l’admiration, une admiration partagée à parts égales entre son auteur et sa traductrice.

Retour à Buenos aires / Daniel Fohr
Seul avec son urne dans cet environnement dépouillé, le narrateur séduit vite le lecteur par sa vision légère et flottante des choses, sa façon discrète de chercher sa place dans un monde...

Le Dossier M / Grégoire Bouillier
M comme magistral. M comme misons déjà que Bouillier saura relancer la donne dans le Livre 2, à paraître en janvier. M comme mais on n’en doute pas.

Nos vies / Marie-Hélène Lafon
Ainsi va la prose chez Lafon : proche de la terre, mais le pied léger.

La Premiere Annee / Jean-Michel Espitallier
A la fois cruellement dévasté et profondément conscient, Espitallier, tel un prisonnier traçant des traits sur le mur de son cachot, s’efforce de rendre chaque trait unique, important, à la fois trace témoin et échelon à partir duquel se hisser.

Le lambeau / Philippe Lançon
Plutôt que les « leçons de ténèbres » d’un Couperin – auxquelles on aurait pu s’attendre –, ce sont les leçons de lumière de Bach – une lumière intérieure – qui viennent ré-innerver ici la vie.

Encore heureux / Yves Pagès
Pagès, en agité du local averti, fait du caprice asocial non la marque d’une crise irresponsable mais le moteur d’une scène de (grand) ménage politique.

Regards / William H. Gass
Déchirantes, retorses et vertigineuses, ces nouvelles démontrent encore une fois, si besoin en était, que William H. Gass est l’un de nos plus essentiels virtuoses.

La structure est pourrie, camarade / Yann Kebbi & Viken Berberian
Adieu souvenirs du communisme, adieu constructivisme, adieu briques, adieu XIXe siècle, adieu à tout, place aux boulets de démolition qui volent comme des étourneaux !

La peau et l’écorce / Alexandre Civico
Fable fiévreuse affranchie des morales faciles, le roman de Civico semble épris de perdition, mais qu’on ne se trompe pas : il peaufine en douce une éthique de la décision.

Animale machine / Eleni Sikelianos
Eleni Sikelianos s’attache à l’ombre fuyante de cette "féline" insaisissable, en tissant documents d’époques, récits fragmentaires, poèmes, digressions, souvenirs, entretiens, créant ainsi un vivant cabaret mnésique pour que danse une fois de plus Melena, et avec elle d’autres femmes fortes.

Glow / Ned Beauman
S’il ne vous reste plus d’éthylbuphédrone, n’hésitez pas : défoncez-vous à Glow. C’est la meilleure façon qu’on ait trouvée jusqu’ici de bien commencer l’année.

Matteo a perdu son emploi / Gonçalo M. Tavares
Lire un livre de Gonçalo M. Tavares, c’est pénétrer les arcanes du caprice, un caprice sous-tendu par une logique, une logique innervée par une liberté, une liberté façonnée par un imaginaire, un imaginaire dirigé par un intellect...

Cannibales / Régis Jauffret
Chaque page du livre est un billot, et le lecteur ne peut faire autrement que lécher le couperet.

Frère des astres / Julien Delmaire
De page en page, Benoît avance, tutoie la boue, croise des déchus, sème sa foi, invitant le lecteur à un sacre des saisons célébré avec vigueur et inventivité de bout en bout.

Mourir et puis sauter sur son cheval / David Bosc
Mourir et puis sauter sur son cheval est un de ces rares livres qu’on a envie d’offrir et de relire, comme si un lien secret unissait ces deux mouvements.

Le train d’Alger / Béatrice Fontanel
Dans ce livre qui raconte la guerre d’Algérie comme une enfance, et l’enfance comme une guerre d’Algérie, le lecteur se sent porté, malgré la litanie de drames et de peurs, par la plume magique de Béatrice Fontanel.

Histoires / Marie-Hélène Lafon
Histoires, de Marie-Hélène Lafon, recueil de textes où c’est la langue qui raconte, la ponctuation qui décide, le temps des verbes qui frappe.

L’Interlocutrice / Geneviève Peigné
L’interlocutrice est d’abord le livre d’improbables retrouvailles, celles, posthumes, entre la fille et la mère à travers le legs de tiers livres...

À ce stade de la nuit / Maylis de Kerangal
Maylis de Kerangal cherche, au fil des souvenirs, à tenir « en cercle autour de lui le fil des heures, l’ordre des années et des mondes » (Proust).

Naissance de la gueule / Anne-Claire Hello
Quand le langage ne se laisse pas faire, ça fait mal, rien n’est épargné, et ça laisse dérisoire pas mal de proses racées.

Entre les deux il n’y a rien / Mathieu Riboulet
C’est sans doute parce qu’elle est, cette haine, « inextinguible », que le texte de Mathieu Riboulet, mieux qu’un examen de conscience sexuelle, tient bon, s’offrant à la fois en pâture et en résistance...

Chantiers / Marie-Hélène Lafon
Ce que le paysage donne en legs à Lafon écrivain, c’est moins la possibilité de sa description que le défi de sa violence.

Poèmes évidents / Guy Bennett
Chez Bennett, le poème est considéré comme un programme qui s’auto-commente, voire s’auto-détruit.